Viendra la Forêt - LA POLYPHONIE

Au fil de nos rencontres et de nos échanges, nous visons à créer une polyphonie de témoignages qui créent le fil des traces du feu sur les territoires sinistrés. Des élus, des pompiers, des habitant·es, des propriétaires forestiers. Tous·tes ont vécu les incendies à leur manière et possèdent leur ressentis.

Jean-Marc Pelletant

- maire de landiras -

En juillet 2022, Jean-Marc Pelletant, se retrouve Directeur des Opérations de Secours, lors d’un sinistre, c’est le maire de la commune sinistrée qui se retrouve à la tête du Centre des Opérations de Secours (COS). Pendant deux jours, il arpente les 9000 hectares de la commune de Landiras pour faire évacuer la population.

Son récit, nous parle de la pression de mettre tout le monde à l’abri et de ce feu, qualifié de hors-normes car il se comporte en ne répondant à aucune norme connue.

Lorsque l’incendie de Landiras s’est déclaré, la forêt usagère de La Teste brûlait déjà depuis une heure. Son ressenti : l’attention médiatique et politique s’est portée sur la forêt usagère, de par la proximité des campings et l’enjeu touristique qui en découle.

ISABELLE ET LORA
- habitantes de La Teste-de-Buch et Cazaux -

Isabelle habite en lisière de la forêt usagère. Face à sa maison, la route départementale D112 la sépare du brasier. Aujourd’hui, des pins au houppier calciné lui font face, lui rappelant tous les jours le drame qui s’y est produit. La forêt usagère était pour elle une forêt récréative dans laquelle elle allait marcher quotidiennement.

Elle milite pour la préservation de la forêt usagère.
Lora quant à elle habite à Cazaux, elle vécu l’incendie en voyant une forêt qui lui est chère brûler. Pour elle, c’est un écosystème riche qui a disparu mettant à jour les enjeux d’un climat qui se dérègle.

Elle milite aux côtés d’Isabelle pour la préservation de la forêt usagère et également contre l’installation de nouveaux puits pétroliers par la société Vermilion.

ARTHUR GUÉRIN TURCQ
- doctorant en Géographie -

Originaire de Saumos, troisième lieu frappé par un incendie en septembre 2022, il soutient une thèse intitulée La forêt périurbaine française entre bien commun et bien club. Il enquête au travers d’entretiens semi-dirigés sur deux territoires touchés par les incendies : le plateau landais (de Landiras à Belin-Béliet) et la forêt usagère de La Teste-de-Buch.

THIERRY CARREYRE
- Président de la DFCI de Landiras -

Thierry est vigneron, installé à Landiras il possède aussi des parcelles de pins. Il est donc propriétaire forestier. Il a hérité de ses parcelles de son père, qui en avait lui aussi hérité. Son grand-père a été le premier président de la DFCI de Landiras, puis son père et enfin lui. Il était donc au front de l’incendie, guidant les pompiers sur les pistes blanches des DFCI. Il se souvient du réservoir de la route de Guillos, vidé de ses quelque 120 000 L d’eau en l’espace de deux heures. Le château Clare, son domaine viticole et son habitation se situent face à l’entrée de la piste DFCI du chemin de la Suscouse. Depuis les incendies vit un paysage exposé constamment au vent et il aperçoit le clocher et les lumières de Guillos, le village voisin.

COLONEL YVAN DUPUY
- chef de groupement des risques naturels et feux de forêt (GRNF) -

Le colonel Dupuy est originaire de La Teste-de-Buch, c’est un territoire qu’il connaît donc depuis qu’il est enfant. Il est aussi le dernier pompier forestier recruté et en activité. Ce statut remplacé par les équipiers feux de forêt (FDF) dépend dorénavant du colonel Dupuy. Attaché au bassin d’Arcachon, il nous a confié ressentir une sensation étrange et vertigineuse lorsqu’il emprunte pour la première fois après les incendies la Piste 214. Il nous accueille sur la base de Salles à plusieurs reprises pour parler tactique de lutte contre l’incendie.

ALAIN
- propriétaire d’une cabane dans la forêt usagère de La Teste-de-Buch -

Alain a grandi en fréquentant les cabanes de la forêt usagère. Il avait pour objectif dans sa vie d’en acquérir une pour emmener à son tour ses enfants passer du temps dans cette forêt. Il évoque une forme de colère à l’idée que l’incendie n’ait pas été maîtrisé et ait conduit à la destruction de la forêt usagère. Il est conscient du caractère exceptionnel que portait cette forêt. Les derniers pins debout sont, selon lui, voués à mourir. Il ne reverra jamais la forêt de son enfance et porte l’espoir que sa fille, quant à elle, la reverra un jour.

CHRISTINE BOUISSET
- géographe, directrice adjointe du laboratoire TREE -

Christine Bouisset à travaillé toute sa carrière sur les risques liés aux feux de forêt. D’abord sur le bassin méditérannées puis sur le massif landais. Elle évoque dans notre entretien la non-application des recommandations des plans de prévention contre le risque d’incendie de forêt (PPRIF). Elle définit la forêt comme un environnement menacé et menaçant. La tendance à l’installation d’une population néo-rurale dans le massif landais, et, par conséquent, à la construction de zones pavillonnaires en lisière de forêt augmente l’enjeu de la gestion du risque.

PASCALE GOT

- vice-présidente du département de la Gironde, en charge de la Protection de l’environnement, espaces naturels sensibles, gestion des risques -

Représentante du département de la Gironde, Pascale Got a pour rôle entre-autres, de créer un dialogue entre toutes les parties prenantes de la forêt. Le département est également victime des incendies car il est en possession de l’Espace Naturel Sensible du site d’Hostens, frappé de plein fouet par les incendies. Ce territoire se voue à être un dispositif d’expérimentation, comme les 1500 hectares de forêts possédées par le département, pour la replantation et la diversification des essences.