Notre itinérance sur les traces du feu commence en gare de Bordeaux, direction Cérons. Ce matin, nous parcourons un chemin que nous connaissons déjà entre notre gare d’arrivée et la commune de Landiras. C’est celui que nous avions emprunté quelques mois plus tôt pour rencontrer Jean-Marc Pelletant, maire de cette commune la plus durement touchée par les incendies de 2022. 
Pas de rendez-vous avec le Maire cette fois-ci mais avec Thierry Carreyre, président de la DFCI de Landiras. Nous arrivons un peu en retard chez lui au Domaine Clare, sa propriété viticole, on pose nos vélos et il nous embarque dans sa voiture pour nous emmener voir un réservoir DFCI. Sur la route, il désigne l’étendue des dégâts causés par le feu. Un vaste paysage de lande et de lagunes souligne l’horizon, et par contraste marque l’absence des pins verticaux disparus au cours des incendies de Landiras 1 et Landiras 2. 
Thierry Carreyre s’arrête au bord d’un réservoir aménagé par la DFCI. En juillet 2022, il n’a pas tenu deux heures face à la nécessité de contrôler les flammes. Les pins restants aux abords du réservoir de nouveau plein, ont le tronc noirci par les flammes. 
On repart en voiture sur une piste DFCI neuve. Les budgets débloqués par l’Europe ont en partie servi à restaurer ces pistes endommagées par les passages des colonnes de camion. 
On aperçoit une arrivée de gaz, une émergence du réseau qui approvisionne Bordeaux.. Autour d’elle, il n’y a plus aucun arbre. Le feu est passé par là, sans neutraliser l’installation. 
Thierry Carreyre finit par s’arrêter au pied d’un portail qui ceinture une maison entourée d’une lande typique du passage du feu. Sur une même parcelle se côtoie la carcasse d’un garage en tôle complètement carbonisé, et une maison intacte, protégé par son implantation en airial. 
Au fil de notre discussion, Thierry Carreyre nous confie ses réflexions concernant la maîtrise des feux de forêts qui favorise la protection de l’habitat dont la reconstruction s’envisage sur deux à trois années, au détriment d’une forêt qui peut mettre plus de 30 ans avant de retrouver sa structure initiale d’avant l’incendie.  À travers l’exemple de 1999, il nous parle du risque de ne pas déphaser la replantation des parcelles brulées :« Si tout à brûlé comme ça, c’est qu’après la tempête de 1999, on a tout replanté tout de suite et du coup, on a un étendue de pins qui avaient le même âge ».
Nous posons une question qui changera notre perception de notre itinérance pour les prochains jours. Comment sa perception du paysage à changé ? « Le vent, il y a tout le temps du vent maintenant. Et aussi, avant, on ne voyait pas les lumières de Guillos la nuit. On voit nos voisins. »
Après avoir réalisé le portrait de Thierry Carreyre, où il arbore fièrement sa veste jaune typique des bénévoles de la DFCI. Nous reprenons nos vélos en direction d’Hostens.
Au carrefour qui suit le domaine Clare, un jeune pin à été planté en souvenir des bénévoles et des sapeurs-pompiers qui ont agi contre les feux de Landiras. Là où était implanté le premier PC pour la gestion de Landiras 1. 
Sans savoir si nous sommes déjà marqués par l’échange avec Thierry Carreyre, nous remarquons le vent sur la route qui nous oblige à nous coucher davantage sur nos vélos. Nous traversons Guillos dont l’entrée bordée par une barrière de feuillus verdoyants à ce moment de l’année contraste avec ce que nous venons de voir. Une banderole délavée est accrochée sur une haie pour remercier les pompiers. A la sortie, difficile de ne pas remarquer la zone pavillonnaire qui s’étend en direction de la forêt. 
Encore quelques coups de pédales et nous arrivons à Louchats. Une pause s’impose. Le vent et le rythme décalé de notre journée nous a creusé l’estomac. Aucun commerce ouvert à Louchats, les lundis sont de véritables dimanches villages landais demeurent aussi silencieux que déserts. Nous trouvons bonne fortune dans un distributeur de pizza, qui nous permettra d’anticiper aussi le repas du soir. 
Des travées de pins calcinés nous observent au lointain de la route, les troncs noircis et le houppier dégarni. Ils se dressent au milieu du paysage comme en souvenir des milliers de pins effacés par les flammes.
En arrivant à Hostens, nous sommes stoppés par la barrière qui bloque l’accès au domaine départemental, les abords des lacs, dont l’eau est venue remplir les bassines creusées pour l’exploitation de la lignite, couvent un feu souterrain qui fluctue depuis 2022. A l’odeur, et aux fumerolles, la présence du feu devient sensorielle.  Bien que nous soyons un peu moins de 2 ans après les incendies, le paysage illustre une forme de violence. De l’écorce de pin jonche la route, les arbres restants sont déchirés, cassés, le sol est noir. Au bout de la route, nous arrivons au bord d’un des lacs du domaine. La violence de l’incendie nous saute au visage. Tous les pins sont noircis. Au bord de l’eau, comme de l’autre côté du lac, tout est calciné. 
En contournant l’Espace Naturel Sensible d’Hostens, nous arrivons au centre équestre et posons notre tente pour la nuit. Un petit tour dans Hostens pour se rendre compte qu’ici aussi le lundi se fait l’écho du dimanche.
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