La nuit a été pluvieuse.
Avant de quitter Hostens, nous prenons le temps d’observer l’ENS qui fait face au centre équestre. Les contrastes de couleur sont saissants, presque étranges. Le sol noir, mis à nu par les engins, la mousse rouge orangé, les arbres calcinés, cotoient la végétation basse  qui reverdit. Le paysage fait étalage d’une palette colorimétrique très curieuse.
Nous traversons à nouveau Hostens pour emprunter la piste cyclable qui mène jusqu’à Mios. Plus un arbre, quelques pins noircis subsistent en attendant d’être définitivement coupés. Le vent face à nous est intraitable, sa puissance nous renvoie formellement à notre échange avec Thierry Carreyre. La pluie tombe et rend la progression pénible. Notre goût pour l’aventure se dissout dans l’odeur âcre de la cendre. Nous hâtons la cadence pour rejoindre une futaie de pins qui pourrait nous abriter du vent pour quelques kilomètres. On s’arrête quelques minutes le temps de faire des images sans perdre de vue notre objectif de rejoindre Belin-Béliet qui est notre point de mise à l’eau des packrafts pour naviguer jusqu’à Salles. Après avoir déjeuner, nous nous retrouvons au bord de la Grande Leyre pour charger nos embarcations. Tout se passe selon notre plan initial. Mais uniquement sur les 200 premiers mètres. Rapidement, nous croisons les premiers troncs effondrés en travers de la Leyre. A deux reprises nous contournons par la rive les barrages de branchages qui nous font obstacle. A peine 500 mètres après notre départ, nous abandonnons, découragés par l’état de la rivière qui empêche toute progression. Au vue de notre allure, Salles devient un avenir enviable, mais encore trop lointain. 
Les deux pieds dans la vase, Tim contacte le secrétariat du Président du département de la Gironde pour peaufiner l’organisation d’un rendez-vous à venir. La scène est comique, et illustre sans détour le revers de la médaille d’une itinérance conçue sans concession. Une fois le rendez-vous pris avec Pascale Got, VP du département en charge de la Gestion des Risques, de la Protection de l’Environnement et des Espaces Naturels Sensibles, nous décidons de chercher une échappatoire à la Leyre pour rejoindre la piste cyclable qui relie Belin-Béliet à Salles, un kilomètre plus loin. Il nous faudra près de deux heures pour parcourir ce kilomètre, les pluies ayant été abondantes de l’automne au printemps, la Grande Leyre est plusieurs fois sortie de son lit, ainsi que le Briouey, ruisseau affluent, faisant disparaître toute trace de chemin. Nous traversons la rive inondée, poussant les vélos chargés dans la vase. Une dernière traversée avec de l’eau à mi-cuisse nous oblige à porter les vélos pour limiter l’immersion de sacoches, certes étanches mais un peu usées pour Antoine. Nous voilà de retour sur la piste cyclable, 4 heures après avoir mis les packrafts à l’eau, retrouvant un panneau nous indiquant Belin-Béliet à 1km de là. On a préféré en rire. La journée était terminée. 
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