Après plusieurs discussions, nous prenons la décision de nous intéresser aux lisières bâties, en contact direct avec la forêt, et les zones soumises à un fort risque incendie. Cette thématique nous permet d’explorer deux aspects qui caractérisent le paysage post-incendie. D’un côté la cohabitation entre les zones touchées par le feu, avec les lieux de vie qui subsistent en bordure. Et la transformation du quotidien face à une brusque modification du paysage.
Nous partons donc avec l'idée de produire des vues documentaires descriptives, lisible dans la première partie,  puis des vues plus banales, auxquelles l’adjonction de texte permettra la prise de conscience et la compréhension du risque.
Nous voici parti 2 jours durant sur les routes, en voiture avec les indications et points d'intérêt identifiés à partir de photographies aériennes. 
Jour 1  : Hostens , Origine, Guillos
Jour 2 : De Louchats à Belin-Beliets
Nous passons par la scierie en cours de fermeture, mais où des camions chargent encore, étrange vestige du passé, alors que la filière bois continue de fonctionner pleinement, et que cette scierie était l’une des entreprises principales qui animaient le village de Guillos, comme nous l’a raconté Jocelyne en juillet dernier. Sur le terrain, nous multiplions les rencontres pour présenter notre démarche et évoquer l’envie de prendre le temps de discuter plus longuement de la situation de lisière que les habitant·es expérimentent au quotidien.

Sur la dizaine de personnes rencontrées, une seule a refusé de poursuivre la discussion face à l’émotion, et la fragilité induite par la proximité aux événements évoqués. Nous nous sommes aussi retrouvés parfois dans des zones entièrement vidées de leurs arbres, où seuls les tas de souches qui ont été arrachées pour nettoyer les parcelles témoignent de la destination passée de ces parcelles. Des zones blanches, isolées de tout réseau, y compris téléphonique : la technologie à l’épreuve du terrain.

Le silence de ces souches nous évoque Roger Fenton qui fixait sur pellicule il y a presque deux siècles les paysages dévastés des champs de bataille. Nous avons réalisé de très nombreuses photographies pour à notre tour inventorier l’évolution des paysages qui se présentent sous nos yeux.  
Au fil de nos pérégrinations, carte en main, nous constatons les différentes phases de replantage, les expérimentations de plantation de feuillus en bord de route pour servir. Derrière ces tiges naissantes, nous imaginons les barrières coupe-feu des décennies à venir.
©R. Fenton
©R. Fenton
©I. Mathie
©I. Mathie
Nous finissons notre première journée dans un nouveau lotissement flambant neuf en bordure de forêt et construit sur une dune de sable.
La seconde journée plus courte, alterne entre prises de contacts sur la pas de la porte, déambulation en lisière de village, traversée de petits lotissements, et observations des nouvelles fermes solaires.

Nous évoquons la dissonance entre notre vision idéalisée de ces espaces naturels, et la réalité qui nous percute et nous permet de réévaluer les modes de vie et de consommation locales.
©A. Mounier
©A. Mounier
©A. Mounier
©A. Mounier
Ces deux jours de repérage se terminent au pied d’une maison bourgeoise sise au milieu d’un airial qui a été préservé des flammes. Inévitablement, les arbres portent encore les marques du passage des flammes. Toute l’ambiguïté des lisières que nous venons d’explorer est là. Derrière le silence du paysage que l’on aperçoit à travers la fenêtre, le fracas des flammes résonne encore.
© I. Mathie
© I. Mathie
© A. Mounier
© A. Mounier
© I. Mathie
© I. Mathie
© I. Mathie
© I. Mathie
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